Tom Laperche : « Avec cette 2e place, ma Solitaire est déjà presque réussie ! »
Ce jeudi, à 20h01, Tom Laperche a franchi la ligne d’arrivée de la première étape de la 50e Solitaire Urgo Le Figaro, bouclant ainsi les 540 milles du parcours entre Nantes et Kinsale en deuxième position, une minute et treize secondes derrière Yoann Richomme, le grand vainqueur de ce premier round. Le skipper Bretagne – CMB Espoir a ainsi frappé un grand coup pour sa première participation à l’épreuve. De mémoire de Figaristes, on n’a jamais vu un marin âgé seulement de 21 ans réussir le pari de monter sur le podium d’entrée de jeu. Le jeune Morbihannais a impressionné à la fois par sa détermination et son sang-froid face aux ténors de la classe jusque dans les derniers milles de cette manche au scénario tout bonnement hallucinant. Entretien à chaud.

Deuxième de votre première étape de Solitaire de Figaro. Difficile d’imaginer mieux, si ?
« Je suis tellement content ! Tout s’est bien passé pour moi. J’ai globalement toujours été dans le coup mais clairement, ce qui a fait la différence, c’est ma dernière option en mer Celtique. Un choix bien inspiré qui s’est ajouté à une bonne vitesse et qui m’a permis de terminer 2e. C’est d’autant plus génial que lors de cette première étape, on a fait face à une situation complexe. En arrivant au raz de Sein, on savait déjà que tous les fichiers qu’on avait eu au départ n’étaient plus bons du tout. Pour ma part, j’ai bien regardé les cartes satellites que j’avais et j’ai écouté attentivement la météo de la course. J’ai ainsi réussi à dessiner à peu près la situation qui nous obligeait à aller dans le nord-est. J’avoue que je n’ai pas trop compris pourquoi tout le monde n’avait pas fait comme moi. En tout cas, à partir de ce moment-là, je me suis retrouvé dans un bon groupe avec Corentin Douguet, Éric Péron et Yoann Richomme. J’ai réussi à me montrer assez rapide par rapport à eux et je suis parvenu à résister à leurs attaques. De ça, je suis vraiment super content. Je ne m’attendais pas à faire un podium sur la première étape de ma première Solitaire. Quand je pense que j’ai joué la gagne jusqu’à la ligne d’arrivée, j’ai presque du mal à réaliser ! Pour moi, c’était presque normal que Yoann soit devant mais j’ai pourtant bien failli le battre. C’est génial ! »
L’un de vos objectifs en partant de Nantes était de réussir à trouver le bon rythme sur cet exercice si particulier de la Solitaire. Manifestement, vous avez rapidement trouvé…
« C’est aussi un motif de satisfaction. L’étape a quand même duré quatre nuits et un peu plus de quatre jours. J’ai réussi à rester dans le rythme et à me concentrer sur mon bateau du début à la fin. Au final, j’ai plutôt pas mal dormi. J’ai réussi à me reposer entre trois et quatre heures au total, par tranche de 24 heures, ce qui est plutôt bien. J’ai malgré tout eu un gros coup de fatigue dans la nuit de mardi à mercredi, au moment où on a dû négocier le DST d’Ouessant. Dans l’après-midi, j’avais été obligé de plonger pour enlever des énormes algues coincées dans ma quille. Ça s’est bien passé mais je pense que j’ai laissé beaucoup d’énergie dans la bataille car ensuite j’ai eu un gros coup de mou. A ce moment-là, j’ai d’ailleurs bien failli me prendre un bateau de pêche mais heureusement, j’ai entendu quelqu’un brailler. Rapidement après ça, j’ai toutefois réussi à retrouver le bon tempo et à me remettre à fond dedans ».
Que retiendrezvous spécifiquement de cette première étape ?
« Au-delà de ma 2e place qui est pour le moins inespérée, je garderai en mémoire plein de belles choses. J’avoue que tout m’est un peu passé par la tête lors de ces quatre jours mais j’ai pris énormément de plaisir. Plein de fois, je me suis répété que j’avais trop de chance d’être là. Ce matin, en atterrissant sur les côtes irlandaises que j’ai trouvé très belles car très vallonnées, j’ai assisté au ballet d’une centaine de dauphins. Ça a été un super moment et comme en plus la course se passait bien, j’ai vraiment pu savourer l’instant. »
On imagine que vous pensez déjà à la suite ?
« Evidemment. Je veux confirmer mais j’ai envie de dire que ma Solitaire est déjà presque réussie. Je suis tellement content de cette deuxième place ! Forcément, je vais m’aligner aux départs des étapes suivantes avec la même envie de bien faire qu’en quittant Nantes. Ma performance sur cette première manche me donne de la confiance pour la suite mais je ne perds pas de vue que cette étape a été ce qu’elle a été et que les autres seront très différentes. »
L’œil de Christian Le Pape, directeur du Pôle Course au Large de Port-la-Forêt : « Cette deuxième place est vraiment super. Tom a très bien joué et c’est même relativement étonnant, à seulement 21 ans pour une première participation à la course qui plus est, de réaliser une si belle performance. Il a toujours joué en tête de peloton. C’est un marin solide et dur au mal. Il est aussi doté d’une stabilité d’humeur et d’une capacité à résister au stress assez bluffantes. On l’avait déjà constaté lors des régates d’avant-saison lors desquelles il n’avait toutefois pas toujours eu beaucoup de chance. Un champion ne s’explique pas, il se constate. Tom a du talent, mais il a aussi un destin car il ne faut pas oublier que deux jours avant le départ, tout le monde autour de lui a dû développer une énergie considérable pour réparer un rail défectueux dans son mât, un défaut de jeunesse du bateau. Cela a été une vraie prouesse technique qui n’aurait pas pu avoir lieu sans Goulven Le Clech et Jimmy Le Baut. Grâce au dispositif de la Filière d’excellence de course au large Bretagne – CMB, Tom a pu partir dans les meilleures conditions possibles. Les planètes semblent bien alignées pour lui et cela est l’apanage des très grands. »