Acte 3 : Le tournant de la course ?
504 milles entre Dunkerque et Saint-Nazaire constellés d’embûches avec, en prime, une météo incertaine : voici ce qui attend les 33 marins toujours en course dans la Solitaire du Figaro. De l’avis de tous, un sacré morceau qui pourrait bien être le tournant de cette 51 e édition. Les skippers Bretagne-CMB sont prêts à essayer d’en déjouer tous les pièges, bien conscients que des choix stratégiques importants seront à faire. C’est avec une bonne dose d’audace, d’énergie et de témérité que Tom Laperche, Loïs Berrehar et Elodie Bonafous abordent la course, déterminés à rester placés respectivement pour les podiums général et bizuth avant le dernier volet.
Courants, cailloux, bancs de sables, îles, caps, effets de pointes, algues seront autant de pièges à déjouer sur les 504 milles de cette troisième étape, et comme si cela ne suffisait pas, la météo a décidé de corser la donne avec notamment deux passages de dorsale anticyclonique et une petite dépression à négocier. « C’est, en effet, une manche bien costaude qui s’annonce, avec un paquet de choix techniques et stratégiques à faire », explique Tom Laperche qui redoute en particulier les passages du raz Blanchard, des îles anglo-normandes et de la pointe Bretagne, la faute aux renverses de courants surtout. « Avec la molle annoncée, ça peut potentiellement être un gros bazar à ces différents passages à niveaux », assure le skipper Bretagne – CMB Espoir qui estime que ce troisième round peut être clairement décisif pour le classement final de l’épreuve. « Pour autant, je ne veux pas me mettre plus de pression que ça. Je pars dans le même état d’esprit que lors des deux premières étapes. Mon but sera de réussir à être dans les bons coups et de rester capable de réfléchir avec lucidité après Belle-Ile », avance le jeune Trinitain.
Bien gérer les bonshommes
Même chose pour Loïs Berrehar, conscient que la bonne gestion du rythme à bord, sur une étape de quatre jours, sera aussi un paramètre important de la performance. « Ce troisième round ne sera sans doute pas le plus facile en termes de gestion de soi car nous n’aurons jamais de grands tronçons propices au repos. A l’inverse, les conditions s’annoncent instables et on va avoir plusieurs systèmes météo à traverser. Ce ne sera pas facile à gérer, surtout avec la fatigue déjà accumulée lors des deux premières étapes », détaille le skipper Bretagne – CMB Performance. Actuellement 14e à moins de 35 minutes du podium, le marin est complètement dans le match mais il va devoir jouer les bons coups pour y rester. Eviter les grosses erreurs. « Clairement, sur ce tracé entre Dunkerque et l’estuaire de la Loire, il peut y avoir du grabuge mais rien n’est écrit. Je vais faire ma route sans me polluer l’esprit avec ces histoires de classements. On verra à l’arrivée », termine Loïs.
Penser tronçon par tronçon
De son côté, Elodie Bonafous ne minimise pas non plus les risques d’une telle étape. « Ce qui nous attend est compliqué. Au début de cette Solitaire du Figaro, je pensais que la première manche serait la plus complexe mais je me rends compte que celle qui arrive, en particulier la partie entre Dunkerque et la pointe Bretagne, va être pleine de rebondissements et qu’elle peut être redoutable pour le classement. On va, en effet, avoir différentes phases de transitions à négocier, de même que de la molle et des renverses de courant », avance la skipper Bretagne – CMB Océane. « Il va falloir faire preuve d’opportunisme et être à fond jusqu’au bout. Je sais qu’il ne va pas falloir se rater car c’est une étape qui peut tout faire basculer. Je vais me focaliser sur les tronçons les uns après les autres en sachant que ça va être long mais que chaque minute gagnée sera très précieuse pour la suite », a terminé la navigatrice, actuellement 24e au général et deuxième bizuth.