Sébastien Simon : « On accepte notre statut de favoris »
Ce dimanche, comme prévu, à 13h08 précises, Bretagne - CMB Performance et les 14 autres bateaux en lice dans la 13e édition de la Transat AG2R – La Mondiale se sont élancés de Concarneau. Propulsés par un flux de sud-est de 8-10 nœuds, ils ont d’abord effectué un parcours de dégagement en baie de Port-La-Forêt long d’environ huit milles avant de prendre le large. Cinquièmes à la dernière marque de passage de ce petit côtier après un reaching sous spi dans le chenal de la Ville Bleue, Sébastien Simon et Xavier Macaire se sont donc d’emblée montrés dans le bon tempo, reste que c’est surtout dans les prochaines 24-48 heures qu’il faudra être vigilant pour filer dans le bon wagon en direction des côtes portugaises. De fait, une petite dépression orageuse positionnée dans le golfe de Gascogne risque bien de créer les premiers écarts dans cette traversée de l’Atlantique qui s’annonce d’ores et déjà palpitante et relativement rapide si l’on en croit les derniers fichiers météo. Reste que comme l’a rappelé peu avant le départ le skipper Performance de la Filière d’excellence de course au large Bretagne – CMB, une transat reste une transat et que sur un exercice de ce type, tous les scénarios sont possibles, y compris les plus improbables. Interview.

Vous vous élancez aujourd’hui pour un peu plus de 3 800 milles entre Concarneau et St Barth. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
« Nous sommes contents de partir d’autant que la course s’annonce assez rapide ce qui ne fait que renforcer l’envie d’y aller. Pour commencer, nous allons faire un peu de près avant de faire le tour de la fameuse dépression plantée actuellement dans le golfe de Gascogne puis de récupérer des vents de secteur Nord pour crapahuter au portant, sur la route. Il semble que nous pourrions garder le spi jusqu’aux Canaries et que les alizés soient bien installés mais nous savons que la situation a encore le temps de changer d’ici là. En tout cas, nous nous préparons davantage à vivre une course de vitesse plutôt qu’une course très stratégique, même si l’entame ne s’annonce pas simple, la faute à des zones de molles entre le centre dépressionnaire principal et les petites dépressions secondaires. Ce qui est certain, c’est qu’il va falloir être vigilant et adapter sa route en temps réel. Cela signifie que nous allons assez peu dormir au début, mais Xavier et moi, nous nous sommes mis en condition pour ça. Nous savons qu’il ne faudra pas rater cet épisode au risque de laisser filer nos adversaires et d’avoir du mal à recoller au score ensuite. »
On imagine que ce scénario météo, relativement clément, n’est pas pour vous déplaire, vous qui partez pour votre toute première transatlantique ?
« J’avoue que ça me va bien et je crois que c’est pareil pour Xavier. Clairement, cela me stresse un peu moins que si nous avions dû partir avec de mauvaises conditions. C’est bien car cela évite de se poser trop de question en termes de sécurité et de casse matérielle. Cela implique aussi que le bateau ne sera pas complètement humide tout de suite et que niveau confort, cela restera assez agréable. Pour autant, comme je l’ai dit, ce ne sera pas simple. Il y aura forcément des coups à jouer et il faudra être dessus, au moins au début, pour vite aller chercher le flux de nord qui va nous permettre d’envoyer le spi et de glisser le long des côtes portugaises. »
Cette semaine à Concarneau, vous avez régulièrement été cités parmi grands favoris de la course. Vous assumez ?
« C’est vrai que l’on a beaucoup entendu ça. On ne sait pas trop d’où c’est venu mais on l’accepte. Il va de soi que si l’on peut gagner, on ne laissera pas passer notre chance. Mais une transat est un exercice particulier et notre objectif, à Xavier et à moi, reste de terminer l’épreuve, de finir sans regrets et sans être déçus de nos choix. Nous avons conscience que la concurrence est rude mais nous savons aussi que si nous prenons du plaisir, le résultat sera au bout. Et à titre personnel, cela serait un vrai plus pour la suite de ma saison car j’aurai le sourire et l’envie de repartir très vite. »